Les vendanges 2018

Très longues vendanges

Alors que nos collègues Champenois et Bourguignons ont réalisé des vendanges éclair exceptionnellement précoces, dans le midi et, au Domaine des Chênes en particulier, les vendanges se sont éternisées à souhait. En effet, débutées fin Août (le 29 précisément) avec nos différentes cuvées de blancs, elles se sont achevées le 30 septembre. Soit une semaine plus tard qu’à l’accoutumé. La raison ? On la doit essentiellement à la lente maturité des Grenache noir du secteur de Génégals. En effet, si le printemps a été particulièrement arrosé, l’été caniculaire fut très sec sur les grès caillouteux d’altitude, sur le lieu-dit La Llausade. Dans ces conditions la maturité optimale fut longue à se dessiner. Il a fallu s’armer de patience, attendre et arrêter nos vendangeurs qui trépignaient le seau aux pieds. Mais cela a valu la peine, ces dernières cuvées de Grenache et de Mourvèdre sont magnifiques d’arôme et de finesse tannique.

Alors que peut-on dire de la qualité de ce millésime ? En général, je ne me prononce pas avant la fin des fermentations, qui furent lentes, elles aussi, à l’image de la maturation. Elles sont aujourd’hui terminées et je dois dire que le résultat est à la hauteur de nos attentes. En blanc, je ne me prononcerai pas encore sur les arômes, dont la plupart sont encore sous forme de précurseurs inodores, impossibles à détecter. Il faudra attendre au moins six mois pour percevoir leur pleine puissance. En revanche, sur un plan gustatif, l’équilibre entre fraîcheur et gras est réussi. Si certains redoutaient un manque d’acidité en raison de la canicule, à Vingrau sur les argilo-calcaires de la vallée et du cirque, à l’ombre des falaises, les Grenache blancs, Macabeu et autres Roussannes ont su garder une remarquable fraîcheur que vous retrouverez dans Les Olivettes, Les Sorbiers et et Les Magdaléniens.

Mais ces vendanges ont enfanté deux nouvelles cuvées que l’on doit à Marion, et qui tranchent avec le style résolument « de garde » de nos cuvées habituelles.

Tout d’abord l’élaboration d’un vin rouge, souple et frais, craquant de fruit. Un vin de terrasse ou de coin de comptoir, qu’on pourra déguster en refaisant le monde entre copains. Le vin bonheur, dont on ne parle pas, mais dont on tombe la quille en moins de temps qu’il ne faut… 

Et puis, surprise : un Rosé ! Il fallait bien y venir un jour, sous vos sollicitations… Il est à base de Syrah et de Grenache, vendangé en caisses à l’aurore ; caisses directement versées dans le pressoir pour éviter l’extraction de la couleur. Son nom ? « L’Inattendu », cela va de soi. Nous avons hâte de vous le faire découvrir, tout comme ses frères du millésime 2018 qui ne devraient pas vous décevoir. Patience…

- Alain Razungles